C’était en 1992…


C’était le temps de la Fac et celui de la restauration de ma première automobile, ma première «deuche» !
Je l’avait acheté 4.000 FRF (600 EUR).


Elle était bicolore et un peu moche, mon budget était réduit, mais je l’aimais (l’amour rend aveugle il parait ;-))

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Un des montants du pare-brise était recouvert d’un mastic (?) très collant au toucher… en grattant et en ponçant, on a découvert un gros trou… dans le lequel on a remis du mastic… mais mieux !2CV_01_1992_02


Avant de refaire une peinture, le peintre m’a dit dit : «il faut poncer…»2CV_02_1992_03


Alors on a poncé, poncé, poncé… jusqu’à en avoir de la poussière dans les narines… obligé de se désaltérer ! A l’eau uniquement c’est promis ! Le truc avec les 2CV, c’est qu’il n’y a aucune surface vraiment plane… Le ponçage n’en est que plus long…
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Et il faut poncer, toujours et encore…
Philippe le peintre passait une ou deux fois par semaine…
Il caressait littéralement toute la 2CV, et nous montrait là où il fallait poursuivre nos efforts…2CV_04_1992_05


En tout, le ponçage aura duré plusieurs mois en temps de calendrier.

Je pense qu’en temps réel cumulé, cela a dû représenter 30 ou 40 jours !
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Et puis un jour, Philippe le peintre, nous dit : «maintenant c’est bon, je peux poser l’apprêt !»2CV_06_1992_07

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Le même montant de pare-brise…
Tout de même mieux maintenant, non ?
OK, la photo est flou..
C’était du Polaroïd…
Steve Jobs avait déjà inventé Apple, mais pas encore l’iPhone.

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Je n’ai pas de photos, et ma mémoire flanche un peu, mais je crois bien qu’on a encore poncé l’apprêt…
Plus exactement, nous l’avons égrainé.

Le truc qui est long aussi, surtout sur une voiture sans angle droit ni surface plane, c’est de poser les scotch de protection avant les couches d’apprêt, puis de les retirer, puis d’en remettre pour les couches de peinture… Notamment pour protéger les joints d’étanchéité en caoutchouc des portes, qui sont pincés dans les tôles !


Juste après, Philippe a fait le premier passage de peinture, sur certains éléments internes, et sur certaines zones.
Du coup, je (sur)kiffe ! Le résultat commence à prendre une forme visible…2CV_09_1992_10


Le montant de pare-brise, avec le premier passage de peinture…
Ah j’oubliais : bien sur, nous avons encore poncé… pour l’égrainer une nouvelle fois…

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C’est à ce moment là que tout a basculé ;-)

Non, c’est une blague… En vérité, c’est à ce moment là que «Paul» m’a aidé à refaire les cardans, et le disque d’embrayage… et tellement d’autres petites choses… 2CV_11_1992_12


Je n’avais pas d’argent, mais quelques idées… Notamment, de remplacer les sièges originaux par des fauteuils de 305, récupérés je ne sais plus comment ! Beaucoup plus confortables ! Et aussi un volant «sport» en cuir et noyer… Quel luxe ! Je me souviens d’une vis minuscule, qui permettait de solidariser le volant avec la colonne de direction. Elle se trouve en dessous de la colonne. Je me souviens que la gravité a gagné contre moi au moins une trentaine de fois, avant que je n’arrive à remettre cette satanée vis dans son logement.2CV_12_1992_13


J’ai égaré pas mal de photos de l’intérieur rénové…

Ma couturière de maman m’avait refait toutes les garnitures de portes en tissus écossais gris et blanc. Mes exigences étaient grandes, les prises de têtes aussi ! «comment veux-tu que j’arrive à coudre ceci sur cela ?» Les sièges étaient gris aussi.

J’avais installé un autoradio à cassette «auto-reverse» (et non auto renverse, comme le disait le vendeur de chez Feu Vert) et deux HP de 100W sur une plage arrière en bois faite sur mesure (d’origine, la plage arrière était dans une matière toilée souple)… Je m’étais fait une cassette avec le thème de Magnum ! Avec la capote découverte, c’était la musique idéale pour avoir l’impression de rouler en cabrio !

Mais le plus réussi, c’était tout de même l’extérieur…


Résultat final

Tadaaaaaaaa

La première 2CV « Roland Garros » de l’histoire. Une couche d’arrêt. Deux couches de base mate. Une (ou deux, j’ai un doute) couche de vernis.

Sur cette photo, il ne manque que les enjoliveurs en chrome… J’ai égaré toutes les autres photos… Je les poste dès que (et si) je les retrouve. On distingue les pare-soleil en tissus écossais :-)

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Est-ce qu’on a seché des heures de cours à la fac pour aller poncer ? Officiellement non ! Est-ce qu’on fait le tour de la Place Stanislas à Nancy en été, cheveux au vent et musique à fond avec mes compères ? Evidement ! Est-ce qu’on a aussi frimé sur les Champs Elysées à Paris ? Oh que oui ! Cette voiture attirait tous les regards… A chaque passage dans une station service, il y avait toujours quelqu’un pour me demander «elle est à vendre ? je vous l’achète !» … Et ma réponse était toujours «jamais elle ne sera à vendre».

Mais il ne faut jamais dire jamais…

Environ 18 mois après la fin de cette restauration, et par besoin d’argent, je l’ai revendu 9.000 FRF (1.300 euros).

Si elle n’est pas dans une casse, je lance un appel à celui ou celle qui l’a peut être croisé ! ou qui en est aujourd’hui propriétaire !


Rien n’aurait été possible sans…

  • Mathieu L. pour son indéfectible amitié sur ce projet, et plus encore !
  • Jean-Eude pour les petits coups de pouce,
  • Philippe pour sa rigueur et son professionnalisme,
  • Ma soeur, pour le financement de la peinture,
  • Ma maman, pour les travaux de couture a priori impossibles,
  • Mon épouse – qui ne l’était pas encore en 1992 – pour son son soutien et son adhésion,
  • et «Paul», pour son infinie patience, ses conseils attentionnés et sa tendre bienveillance…

Merci à vous !


Désormais, je restaure une Mercedes-Benz 200 de 1972.